Bob reviewed Écotopia by Ernest Callenbach
Un imaginaire positif qui fait du bien mais un récit qui a veilli
3 étoiles
Content warning Sans donner la fin du livre, je donne suffisamment de détails pour divulgacher une bonne partie du contenu
Ecotopia est un livre écrit en 1975 qui décrit (de manière évidente) un utopie écologique aux États-Unis. Le principe du livre est intéressant : le livre se déroule en 1999, vingt après que les états de l'Ouest des États-Unis aient fait sécession pour créer Ecotopia, un pays qui se veut basé sur des valeurs écologiques. Les relations et interactions avec le reste des États-Unis ayant été coupées, le narrateur, William Weston, est le premier journaliste à visiter Ecotopia, et le livre se présente comme un mix de ses notes de voyage ainsi que ses articles pour son journal états-unien.
Sur le fond, c'est un livre extrêmement intéressant qui décrit comment une société pourrait faire pour fonctionner sur des bases écologiques, et beaucoup des choix fait par l'auteur sont très parlant aujourd'hui : quitter le modèle de grandes villes pour revenir à des villes moyennes décentralisées, revenir à des modes de construction avec des matières recyclables (comme le bois ou des matériaux modernes mais recyclables) etc. Le livre fait également une part assez belle aux question de patriarcat et de place du travail et des émotions dans la société. Bref, cela fait envie et c'est frappant de voir toutes ces idées être aussi parlants dans un livre écrit il y a presque cinquante ans.
C'est sur la forme que j'ai trouvé le livre décevant. D'une part, il est très premier degré en décrivant une société parfaite, qui se revendique comme supérieure aux états-uniens avec un égo pénible et assez peu remis en question dans le livre (on est loin de la subtilité des dépossédés par exemple). Mais surtout, on retrouve en personnage central un homme blanc d'une quarantaine d'année, assez perdu dans sa vie et qui passe une bonne partie du livre à flirter ou sortir avec des femmes écotopiennes, souvent avec des remarques assez limites. Si il n'est pas antipathique, il reste suffisamment un stéréotype de héro mec pénible pour me gâcher le plaisir du livre. A mon sens, ça montre vraiment un manque de profondeur dans l'écriture du livre, avec beaucoup d’effort de fait sur la question écologique mais au final assez peu sur le récit lui même (ce qui n'est pas si étonnant quand on voit que l'auteur est avant tout un militant écologiste états-unien et non un écrivain). Bref, ça fait du bien de lire un bonne utopie, mais ça manque de recul dans l'écriture.