Ameimse a publié une critique de Cantique pour les étoiles par Simon Jimenez
Cantique pour les étoiles
4 étoiles
"Cantique pour les étoiles" est le premier roman de Simon Jimenez. On y retrouve bien des éléments évoquant le style et les caractéristiques qui m'avaient marquée dans "Le pays sans Lune" que j'avais lu cet été.
Le roman emprunte pour sa toile de fond à des codes classiques de la science-fiction. Dans un futur où une partie de l'humanité a abandonné une Terre exsangue, sur laquelle la sur-exploitation et les destructions se sont perpétuées jusqu'à ce qu'il soit trop tard, les personnes qui en ont eu les moyens, ou la chance, l'ont quittée et ont gagné les étoiles, rejoignant des stations spatiales gigantesques et de nouvelles planètes sous l'impulsion vorace d'entreprises ayant gardé la quête du profit comme seul objectif. Inégalités, extractivisme et exploitations se sont ainsi retrouvés déployer à travers les étoiles, rejouant une partition aussi familière que létale. Dans le système ainsi mis en place, les voyages spatiaux …
"Cantique pour les étoiles" est le premier roman de Simon Jimenez. On y retrouve bien des éléments évoquant le style et les caractéristiques qui m'avaient marquée dans "Le pays sans Lune" que j'avais lu cet été.
Le roman emprunte pour sa toile de fond à des codes classiques de la science-fiction. Dans un futur où une partie de l'humanité a abandonné une Terre exsangue, sur laquelle la sur-exploitation et les destructions se sont perpétuées jusqu'à ce qu'il soit trop tard, les personnes qui en ont eu les moyens, ou la chance, l'ont quittée et ont gagné les étoiles, rejoignant des stations spatiales gigantesques et de nouvelles planètes sous l'impulsion vorace d'entreprises ayant gardé la quête du profit comme seul objectif. Inégalités, extractivisme et exploitations se sont ainsi retrouvés déployer à travers les étoiles, rejouant une partition aussi familière que létale. Dans le système ainsi mis en place, les voyages spatiaux reposent désormais sur une technologie distordant les temporalités ; le temps s'écoulant beaucoup plus lentement durant les voyages que pour celles et ceux qui demeurent sur les stations ou les planètes. Des vies s'écoulent ainsi de part et d'autre, des relations se distendant et se délitant au fil des trajets interstellaires.
S'il investit des lieux communs de la science-fiction, "Cantique pour les étoiles" n'en trouve pas moins une tonalité qui lui est propre. Plus que dans le world building lui-même, c'est auprès de ses personnages que Simon Jimenez s'investit. Multipliant les points de vue, parvenant à nous attacher aux singularités et aux trajectoires de chaque figure croisée, parfois de façon éphémère le temps d'un seul chapitre, l'auteur leur accorde un soin sincère pour construire son roman autour d'une diversité de points de vue. Cela lui permet de raconter, suivant différentes perspectives, l'histoire des liens qui se construisent entre une Capitaine de vaisseau et un enfant, mystérieux, littéralement tombé du ciel sur une planète agricole éloignée. Au fil d'une écriture pleine de sensibilité et d'empathie, s'entremêlent différents thèmes : il est question de temps qui file et de souvenirs qui s'estompent, de famille choisie et de reconstruction, d'ambitions et de solitude, mais aussi de maltraitances et de traumatismes, la violence n'étant jamais loin. Le récit est servi par une plume évocatrice et ciselée, riche en fulgurances poétiques, au sein de laquelle la musique joue un rôle à part entière. À mesure que les enjeux se dessinent, l'histoire, construite en trois parties, gagne en intensité dans un cadre impitoyable où l'auteur ne perd jamais de vue l'humain·e.
Un roman de science-fiction plein d'émotions, mettant en scène une humanité faillible et résiliente, au sein duquel douceur, amertume et déchirement s'entremêlent ou se succèdent. C'est souvent poignant, porté par une écriture sincère et poétique qui touche. Une confirmation, après "Le pays sans Lune" (bw.heraut.eu/book/40086/s/le-pays-sans-lune), que les textes de Simon Jimenez résonnent beaucoup chez moi.