Ameimse a publié une critique de La première ou dernière par L.L. Kloetzer (Noon, #2)
La première ou la dernière
5 étoiles
J'avais beaucoup aimé le premier tome de Noon, sorti en 2022, mais le second s'était un peu égaré sur ma pile à lire. La sortie du troisième tome en juin a fait office de piqûre de rappel et a donc servi de prétexte pour me replonger dans cet univers, en commençant tout d'abord par cette deuxième aventure. Les auteurices ("L.L. Kloetzer" n'est pas vraiment un pseudonyme, mais désigne une écriture à quatre mains de Laurent et Laure Kloetzer : iels l'emploient pour tous leurs écrits en commun) disent que chaque tome peut être lu indépendamment, mais, pour ma part, je préfère savourer la construction et l'enrichissement progressif d'un univers et des dynamiques entre les personnages. Et je n'ai pas regretté puisque j'ai passé un très bon moment en lisant "La première ou dernière".
C'est un roman de fantasy qui reprend nombre de codes du genre sword & sorcery : de …
J'avais beaucoup aimé le premier tome de Noon, sorti en 2022, mais le second s'était un peu égaré sur ma pile à lire. La sortie du troisième tome en juin a fait office de piqûre de rappel et a donc servi de prétexte pour me replonger dans cet univers, en commençant tout d'abord par cette deuxième aventure. Les auteurices ("L.L. Kloetzer" n'est pas vraiment un pseudonyme, mais désigne une écriture à quatre mains de Laurent et Laure Kloetzer : iels l'emploient pour tous leurs écrits en commun) disent que chaque tome peut être lu indépendamment, mais, pour ma part, je préfère savourer la construction et l'enrichissement progressif d'un univers et des dynamiques entre les personnages. Et je n'ai pas regretté puisque j'ai passé un très bon moment en lisant "La première ou dernière".
C'est un roman de fantasy qui reprend nombre de codes du genre sword & sorcery : de la magie, des combats donc... mais pas seulement. "La première ou dernière" est un diffus mélange de classiques du genre, réappropriés, remis en ordre et délivrés avec une maîtrise narrative assez savoureuse. Les auteurices nous glissent en effet dans le quotidien tourbillonnant d'une cité ancienne et complexe, en suivant le récit que propose a posteriori Yors, le garde du corps du magicien Noon. Yors nous raconte donc leurs aventures de son point de vue, après qu'elles aient eu lieu. Le personnage donne à la narration une voix et un style propres, avec la distance de l'a posteriori, mais aussi en reflétant la personnalité de ce mercenaire, pragmatique et désabusé, qui forme un duo aussi contrasté que complémentaire avec son jeune employeur. Ce dernier, toujours décalé, continue de dérouter, voire de surprendre dans certaines de ses attitudes, défiant une catégorisation figée. Le roman exploite parfaitement la dynamique entre les deux, tout en parvenant à intégrer au récit toute une galerie de personnages qui y trouvent leur juste place, dans les bons comme dans les mauvais rôles.
Reposant sur cette base, "La première ou dernière" propose une aventure rythmée et très plaisante à lire. Nous entraînant des bas-fonds de la cité aux lieux de pouvoir dans un univers médiévalisant, l'histoire est l'occasion de capturer les multiples facettes des diverses dynamiques sociales qui sont à l'oeuvre dans cette grande ville. Au sein des jeux de pouvoir mis en scène et théâtralisés, gouverné·es et gouvernants, population et dirigeants, ont toustes un rôle dans cet ordre social, certes très hiérarchisé, mais qui n'en reste pas moins toujours en mouvement. Au fur et à mesure d'une escalade dans les enjeux, conduisant toute la ville au bord du précipice, le récit laisse entrevoir toute la complexité des rapports de force à l'oeuvre, l'illusion ou la fragilité de certains titres, la capacité d'autres à influer en coulisse (dans cette ville où ce sont des hommes qui détiennent officiellement les positions les plus prestigieuses, le roman fait aussi la part belle à des personnages féminins qui savent jouer leurs propres partitions).
Porté par une écriture aussi vive que riche, "La première ou dernière" est un roman enthousiasmant qui se lit avec beaucoup de plaisir, exploitant des codes familiers pour en proposer une partition admirablement maîtrisée et qui trouve une place qui lui est propre dans ce genre.