Critiques et Commentaires

C'était chouette comme lecture. On évacue le seul point négatif: la forme s'inspire un peu des zines/tracts que j'ai l'habitude de voir en manif ou lieu de militance, sauf que c'est pas à prix libre :')

Mais bon, petit point de détail. Le tract exprime de manière limpide "tout ce qui ne va pas" (ou presque, on parle pas des relations coloniales). Il présente la démission du pouvoir (en l'occurrence, de l'État) dans son rôle de protection des gens qu'il domine. Les philosophes politiques ont conçu la relation qui relie l'État à ses sujets comme contractuelle: "tu m'obéis et j'assure ta survie à toi et ta génération future". Force est de constater que le gouvernement français, par son irresponsabilité écologique, échoue de manière massive à remplir sa part du contrat. Du coup, risque de retour au droit "naturel".

Le tract utilise des mots compliqués et j'aime beaucoup, c'est ma faiblesse. Carbofacistes, thermo-capitalisme, tout un tas de mots pour nommer les choses et lutter contre.

Je recommande sa lecture, je peux le filer en physique à l'occasion :)

La forme me hérissé beaucoup. Je pense que j'ai un a priori très négatif (et irrationnel) sur l'un des auteurs donc ça pollue ma lecture. Il y a clairement un gros travail de documentation derrière, mais c'est mal mis en valeur T_T

Non, juxtaposer dix milles concepts à la ligne sans poser de contexte ça ne te rend pas intéressant à lire, c'est juste lourd. Le plus souvent, ce sont des vidéos de vulga sur YouTube que les auteurs fréquentent beaucoup, ça me donne une grosse impression d'entre-soi.

Sur le fond, j'ai vraiment beaucoup de mal à me convaincre des thèses avancées par le livre, à savoir "rendre l'IA robustement bénéfique est une priorité, ça sera hyper compliqué, tout le monde doit participer". J'ai un peu l'impression de me faire arnaquer au sens de Pascal, on me juxtapose plein de faits et on me dit "y'a une urgence !!!! On doit réagir parce que sinon c'est la cata !!!"

Il y a beaucoup d'angles morts dans ce bouquin, notamment sur le rôle de la régulation et de la politique. Je n'arrive pas à y voir autre chose qu'une certaine naïveté. Autre piste: les auteurs se revendiquaient (à l'époque) du mouvement de l'altruisme efficace. C'est une forme d'utilitarisme dopée à la donnée, pas forcément inintéressant mais avec ses limites, comme toute forme d'éthique. Y'a plein de gens plus malins que moi (la chercheuse Timnit Gebru et la chaîne YouTube Think That Through par exemple) qui parlent de l'altruisme efficace, mais en gros y'a cette idée "d'arnaque de Pascal" et de "on ne bouge pas le statut quo politique" que je trouve assez déprimante.

Premier contact avec Pynchon suite aux recommandation d'une amie. Et oh boy, what a ride.

Le début, c'est Oedipa, une femme avec sa vie, ses problèmes, son mari hypersensible et son psychiatre avec un drôle d'accent allemand qui se retrouve exécutrice testamentaire pour un milliardaire qu'elle a connu autrefois. Mais ce n'est qu'un prétexte, car très vite Oedipa va se retrouvée plongée dans un mystère.

Je ne divulgâcherai pas, et quand bien même je le ferai ça n'aurait pas grand sens. Rien n'est clair ni clairement expliqué dans le récit. Oedipa court après des symboles, des bouts de sens qui sont cachées dans des recoins de bars et des boîtes postales sous des bretelles d'autoroute. Oedipa rencontre des personnages un peu foutraques (qui sont à peu près tous horny pour elle, c'est un peu gênant et ça m'a un peu sorti du texte). Chaque graine de sens qu'elle obtient s'accompagne d'un nouveau désemparement.

Franchement, je ne sais pas dire ce qui est important dans ce livre, ni ce qui a fait qu'il a si bien marché pour moi. C'est peut-être la texture du réel qui se ressent à chaque mot, chaque phrase. Peut-être le délire d'Oedipa à la fin du texte qui m'a rappelé très fort une Mrs. Dalloway qui serait sous LSD roulant à 200kmh sur des autoroutes californiennes. Que chaque personnage est un peu décalé avec le "réel", mais que je me suis rendu compte en écrivant ça que ces personnages n'étaient pas moins des parties du monde que d'autres, et que ce "réel" et ce "banal" qu'on aime à penser n'est qu'un très fin voile qui cache une réalité beaucoup plus intense.

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